Jean-Marie Darmian, Maître Cagouillard Créonnais a le plaisir de convier Créonnais et Créonnaises à un ban exceptionnel de la Confrérie de la Cagouille Créonnaise, dans le cadre de la manifestation Cittaslow "Saveurs d'ici et d'ailleurs", ce vendredi 23 octobre en Place de la Prévôté à partir de 18h45. Comme cette soirée est sous le signe de l’Italie et de la qualité des productions, la confrérie intronise Mario Rigo et Maurice Roumage.
La Confrérie de la Cagouille Créonnaise, émanation historique de la Commune libre du quartier de la Gare, a reçu en son sein Mario Rigo, 90 ans, le plus italien des Français et le plus grand jardinier créonnais. Il a été l'un des grands acteurs des fêtes de la commune libre et grand amateur de cagouilles ! Source : Créon bouge / facebook
« Discours écrit par Jean-Marie Darmian, prononcé par Jean-Marc Rigo, lors de l’intronisation de Mario Rigo dans la confrérie de la Cagouille créonnaise… une histoire d’actualité »
"Mario Rigo après son frère Antoine va entrer dans la Confrérie conviviale de la Cagouille Créonnaise. Ce n’est que justice et équité. Nous accueillons le plus italien des Français ou le plus Français des italiens !
Pas un Créonnais ne mérite plus que lui de siéger parmi ce conseil des défenseurs de notre tradition locale. Mario pourrait même être le symbole parfait de cette soirée durant laquelle le mélange des cultures dans tous les sens du terme, françaises et italiennes sont à l’honneur.
Mario est en effet né il a maintenant un peu plus de 90 ans dans la commune italienne de Sequals au Nord de Venise, avec laquelle il garde des attaches. Située dans le Frioul, ce village a la particularité d’avoir vu naître le célèbre champion du monde de boxe Primo Carneira, mais aussi celle d’avoir vu grandir les plus grands mosaïstes d’avant-guerre. Une contrée de gens vaillants et combatifs.
« Mario et ses frères » tel pourrait être le titre d’un film extraordinaire dont le scénario ressemblerait étrangement à celui que vivent des réfugiés actuels.
Les parents Rigo, avec de maigres baluchons et derrière eux Guérino, Victor, Antoine et Mario et leurs sœurs Marceline, Roseline, Tranquille ont un jour de 1933 pris les trains de l’exil vers la France qui manquait de bras pour faire vivre son sol. Leur frère aîné a pris pour sa part la direction de l’Argentine. Tous fuyaient un avenir sombre qui s’annonçait pour l’Italie.
Grâce à la complicité de ceux qui les avaient précédés, ils ont pu trouver asile dans une masure au sol en terre battue à Saint-Géraud, minuscule village à la frontière de la Gironde et du Lot et Garonne. « Nous avions l’eau courante dans la maison, explique avec humour Mario, puisque quand il pleuvait, l’eau venue du toit ruisselait sur le sol ! ». Le dur apprentissage de la langue française en lieu et place du patois frioulan, l’éreintant travail de la terre dès que le temps l’exigeait, la polenta plus souvent que la viande, la précarité du quotidien : une vie d’une famille nombreuse de domestiques agricoles avant-guerre !
Déménagement rapide de la famille vers un sort meilleur à Saint-Martin-de-Lerm puis un grand bond jusqu’à Camiac et une dernière halte au domaine de la Renardière à La Sauve-Majeure. La vigne, les moissons, les animaux, les foins, les vendanges… le quotidien de tous les garçons de la famille avec quelques escapades vers Créon.
Quand Guérino fonde son entreprise de maçonnerie avec le clan Truant ; quand Victor rejoint son frère sur les échafaudages ; quand Antoine s’installe à son compte sur une propriété ; Mario devient alors dans les années 1950 chauffeur d’autocar pour Citram.. Et quel chauffeur de car… mythique, exceptionnel, connu et reconnu par des centaines de milliers de voyageurs de tous âges empruntant la ligne Créon-Bordeaux chaque matin et chaque soir ! Il serpentera sur les routes de campagne du Créonnais sans aucune défaillance et sans aucun accident durant quatre décennies. Mario connaissait tout le monde et tout le monde connaissait Mario et son accent inimitable ! Il était réclamé de partout pour les excursions qu’il montait avec les associations : pèlerinages répétés à Lourdes, voyages dans toute la France et même suprême bonheur, un jour, dans son village natal après un déplacement à Venise.
Mais Mario fut aussi l’un des acteurs les plus festifs, les plus actifs de la commune libre du quartier de la Gare avec ses frères dont Guérino fut le leader. Il n’a jamais rechigné à participer aux défilés, aux stands, aux grands gueuletons aux cotés des Langaud, Simard, Saucés, Manet, Apercé, Camus, Dubourdeaux, Cerquin, Moulia… figures emblématiques de ces fêtes annuelles exceptionnelles par leur originalité.
Mario est l’un des derniers témoins de cette envie heureuse du vivre ensemble que représentaient ces journées de liesse populaire simples mais précieuses. Il a apprécié à sa juste valeur la cagouille du dimanche matin au café de la Gare et en a activement fait la promotion gastronomique.
Dans son quartier il a cependant installé depuis longtemps une réserve. La plus belle des réserves créonnaises de biodiversité : son splendide jardin potager fait l’admiration de tous ! On s’arrête pour l’admirer. La prolifération de la cagouille y est cependant maîtrisée. Celles qui y vivent ont le label biologique et sont d’une qualité exceptionnelle ! Mario donne avec ce jardin la plus grande leçon de courage à 90 ans. Malgré le poids des années, les conséquences de la maladie, il tient à ce que cet espace situé rappelons le dans les fossés défensifs de la ville bastide de Créon, soit rangé, propre, productif. Un véritable potager à l’ancienne aussi bien ordonnancé que les jardins des grands châteaux. Il peine, il martyrise son corps, il sue mais il ne laisse à personne le soin d’entretenir ses plates-bandes parfaitement tracées et plantées.
Il a fait sienne le fameux principe voulant que pour être heureux, il faille savoir cultiver son jardin ! Sans ce potager sa vie n’aurait plus de sens et il lui permet de traverser le rythme immuable des saisons et de continuer à entretenir un rapport amoureux avec la terre de Créon.
Mario mérite amplement de nous rejoindre, amis de la Confrérie, et nous devons nous sentir honoré de le compter désormais parmi nous ! Je suis fier d’être l’un de ses fils d’immigration !"
La Confrèrie de Cagouille Créonnaise a rendu hommage à Maurice Roumage, créonnais de toujours, horticulteur émérite, refondateur du repas de la Commune Libre du quartier de la Gare et grand amateur de cagouilles. Source : Créon bouge / facebook
Discours écrit par Jean-Marie Darmian, prononcé par Jean Samenayre, lors de l’entrée du plus Créonnais des horticulteurs dans la Confrérie de la Cagouille Créonnaise… Maurice Roumage, l’homme qui sait parler aux chrysanthèmes »
"Paris avait son Titi parisien qui symbolisait sa culture, sa faconde, sa manière de participer à la vie des quartiers authentiques… avec un certain esprit critique permettant de mettre un peu de piquant dans la proximité. Créon a « son » Maurice, le descendant de la lignée célèbre des Roumage, référence s’il en est dans la ville bastide. Qui ne connaît par leurs établissements horticoles tenus par cinq générations successives ? Qui n’a jamais arpenté les allées fleuries où règne Maurice l’œil vif aux aguets ? Qui n’a jamais écouté les conseils précieux de celui qui connaît parfaitement le vrai langage des fleurs ? Il y aurait en effet dit-on des gens capables de murmurer à l’oreille des chevaux quand Maurice lui est capable de dresser une horde de chrysanthèmes afin qu’ils ne fleurissent que quand il le veut ! C’est plus difficile avouez-le mais il renouvelle l’exploit chaque année, la dernière semaine d’octobre depuis un demi-siècle.
Enfant de la ville bastide il a été de toutes les fêtes (à la fois fils de Rosière et père de Rosière), de tous les événements graves ou comiques majeurs, apportant sa bonne humeur, sa bonhomie rassurante et aussi il faut bien le dire son esprit critique affirmé à la vie créonnaise. Maurice est né commentateur de l’actualité locale ! Il le restera encore longtemps : c’est dans ses gênes. Depuis 65 ans, il a en effet absolument traversé toute l’histoire créonnaise avec délectation et bonhomie mais avec le regard acéré de celui qui ne pardonne pas l’erreur.
Élève des écoles publiques créonnaises puis de celles lui ayant permis d’acquérir une formation professionnelle théorique car il connaissait bien avant son entrée tous les secrets des végétaux, Maurice a, comme le veut la tradition, vite intégré le giron de l’entreprise familiale produisant des plants de légumes et des fleurs.
Des dizaines de milliers de clients se sont succédés dans cet espace carrefour des envies, rentabilisé au maximum par ses parents, son oncle et son frère Bernard trop tôt disparu. Les établissements Roumage restent avec la génération actuelle et sous son attention bienveillante une référence, un gage de réussite pour celles et ceux qui leur font confiance. Planter Roumage c’est planter durable !
Chez eux et donc pour Maurice, il n’y a jamais eu d’heure pour bosser : c’est la nature qui guide toute leur vie. Maurice scrute le ciel pour en déceler les périls ou les bienfaits, traque les maladies en véritable médecin des plantes, se lève avant l’aube ou se couche largement après le soleil depuis des décennies car il sait que la moindre erreur ne se pardonne pas. Sa réussite, c’est cette proximité avec la vraie vie naturelle ! Maurice, l’homme qui parle aux chrysanthèmes, mérite amplement de nous rejoindre dans la Confrérie de la Cagouille Créonnaise.
D’abord parce que il a été et reste l’un des acteurs essentiels de la relance du grand repas annuel de la commune libre du quartier de la Gare. Il en a fait un rendez-vous annuel où l’amitié a sa place et où tous ceux qui veulent partager sont les bienvenus. Membre influent du conseil de quartier il n’hésite jamais à mettre en avant des propositions dynamiques parfois mal comprises par le Maire actuel du quartier un peu « dur de la feuille ».
Ensuite Maurice, toute sa vie, a su qu’il fallait savoir donner du temps au temps pour réussir. Les plantes finissent toujours, si on les aime, si on sait les observer, si on apprend à les écouter, par grandir et prospérer mais il faut être patient et opiniâtre comme le sont les cagouilles créonnaises. Il y ajoute son optimisme permanent qui lui a permis de surmonter les inévitables désillusions de la vie. Il est même tellement optimiste, qu’il a renouvelé cette saison son abonnement aux matchs des Girondins de Bordeaux, dignes d’entrer dans notre Confrérie puisqu’ils cheminent très lentement en championnat. C’est dire s’il est optimiste !
Enfin Maurice, je vais t’avouer que nous avons eu un moment d’hésitation en présentant ta candidature puisque, de par ton travail tu n’aimes pas particulièrement les gastéropodes ravageurs de tes plants de légumes. Après débats nous avons considéré que tu n’étais que l’ennemi des limaces, mais pas nécessairement des escargots, que tu préfères récupérer afin de les donner à cuisiner à Roberto pour une soirée à partager dans le fameux repère du « Chêne verre » où l’on « boit la vie en rosé ». Et il faut bien convenir que même au temps de sa splendeur, la cagouille de la Gare, espèce noble s’il en est, n’est jamais entrée dans l’espace Roumage pour des raisons professionnelles… mais a rodé autour ce qui permettait des récoltes plantureuses.
Donc bienvenue à toi Maurice dans notre Confrérie. Nous te remercions de nous avoir fait l’honneur d’accepter notre invitation, je le crois par amitié sincère à notre égard. Nous connaissons tes talents, ton allant, ta bonne humeur et ta joie de vivre communicative t’ayant toujours permis de vivre sereinement au milieu de tout le monde. Il serait malvenu de te « jeter des fleurs » toi qui mets tant d’attention à les faire pousser mais tu le mérites."
Nelly Tardieu a travaillé plusieurs mois pour offrir à la Confrérie de la Cagouille Créonnaise une splendide bannière brodée ! Une bien belle surprise ! Source : Jean-Marie Darmian / facebook